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Idées : renaissance d'une vraie gauche chrétienne ?

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Au programme de l'université populaire du courant Esprit civique (Cluny, 3-4 octobre), certaines idées contraires au libéralisme... mais proches de la pensée sociale chrétienne :

 

Esprit civique est un groupe de réflexion fondé notamment par Dominique Potier et Jean-Philippe Mallé, deux des dix députés PS qui ont refusé la loi Taubira sur le mariage. Mais, contrairement aux députés UMP, Potier et Mallé ne sont pas partisans du système économique ultralibéral qui sous-tend les ''réformes sociétales'' actuelles... Ce sont des chrétiens sociaux, et d'une nouvelle génération, tentée (contrairement à l'ancienne) de rompre avec le libéralisme économique et sociétal. Ainsi Mallé, député des Yvelines, déclarant en avril dernier : « N’est-on pas en train de passer d’une politique de la loi pour tous et du bien commun à celle de l’injonction ? Faut-il répondre à toutes les demandes particulières, catégorielles ? »

Esprit civique restitue l'idéologie libérale-libertaire au contexte dont elle n'est qu'un produit : « bien d'autres questions nous poussent à une réflexion en profondeur pour rénover l'action politique », souligne Mallé.

Le groupe organise en octobre sa deuxième « université populaire » à Cluny. Thème : « Comment, face à la dérégulation et à la finance, à la montée des individualismes et au risque de démesure, découvrir le sens et la force des limites ? Pouvons-nous repenser le politique comme une mesure commune ? » Tables rondes : 1. « La politique peut-elle encore faire autorité face aux marchés ? Et si nous allions jusqu'au bout d'une loi de séparation bancaire et de lutte contre les paradis fiscaux ? » ; 2. « L'Union européenne : outil de régulation ou de dérégulation ? » ; 3. « Dans un monde fini, repenser l'idée de progrès – Et si la limite était la condition d'une nouvelle créativité ? » ; 4. « Poser des limites au nom de la dignité ? Quand la science risque de consacrer la loi du plus fort... » Débat : « La gauche a-t-elle perdu la boussole ? A-t-elle sacrifié le sens du commun au nom de la quête des libertés individuelles ? » Grand témoin : François Soulage (« retour à l'engagement politique : clefs d'un parcours au contact de la fragilité »). Parmi les intervenants : Jean-Claude Michéa, Cécile Renouard, Marie-Josèphe Bonnet, Gaultier Bès...

À suivre, avec intérêt !

 

 

 

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02/08/2014 | Lien permanent

Le sentiment de ”perte d'identité” a une cause

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...et c'est le système économique :

 

Un ami m'envoie ces réflexions :

 << Je lisais cet entretien de Michéa aux Inrocks (http://www.lesinrocks.com/2017/01/11/idees/philosophe-jea...), et cela confirme encore la convergence des points de vue entre vous et lui (et d'autres !...). Cet extrait significatif :
"À partir du moment où le libéralisme économique de la “droite” moderne doit être défini, selon la formule de Friedrich Hayek, comme le droit absolu “de produire, de vendre et d’acheter tout ce qui peut être produit ou vendu” (qu’il s’agisse d’une montre connectée, d’une dose de cocaïne ou du ventre d’une mère porteuse), il est clair qu’il ne pourra jamais se développer de façon intégralement cohérente sans prendre tôt ou tard appui sur le libéralisme culturel de la “gauche” (je laisse ici de côté l’usage purement électoral par une partie de la droite de la rhétorique conservatrice). En d’autres termes, Hayek implique Foucault et Foucault implique Hayek. Autant dire que nous aurons donc de plus en plus affaire – si rien ne change – à ce que Debord appelait déjà “les fausses luttes spectaculaires des formes rivales du pouvoir séparé”. Luttes dont le seul vainqueur réel ne peut être que le capital et son “mouvement incessant du gain toujours renouvelé” (Marx)."  >>

 

C'est de quoi réfléchir à ce qui se dissimule dans les coulisses de la campagne présidentielle.

C'est aussi de quoi méditer sur des polémiques récentes. Un libéralisme prétendant "conserver les valeurs" serait en contradiction avec lui-même. Il cautionnerait le capitalisme ("mouvement incessant du gain toujours renouvelé")... dont le déchaînement renverse précisément toutes les valeurs : éthiques, culturelles, spirituelles ! Ce capitalisme ne tolère aucun frein à l'extension permanente du domaine de la marchandise : installer le commerce des mères porteuses, par exemple, exige de renverser le "tabou familial"... La famille est donc en proie à des attaques, mais elles ne tombent pas de la lune : le capitalisme déchaîné dissout ce qui résistait à l'hyper-individualisme et à la marchandisation.

D'où l'évaporation de ce qui donnait le sentiment de faire partie d'un peuple :  les liens de solidarité concrète et le partage d'un même avenir, étayé par un  imaginaire commun - qui incluait le fameux "récit national". Rien d'étonnant à ce que des millions de Français aujourd'hui aient l'impression de vivre en Absurdie : ils ont de véritables raisons de sentir un vide !  Aidons-les à en identifier la cause.

 

 

identité

 

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Les vrais écologistes alertent contre l'ère technoïde préparée par les Taubira-Peillon-Ferry & C°

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"Mariage, filiation, PMA, GPA : quelles sont les limites ?" (numéro de mars de la revue L'Ecologiste) :

 

 

Version française de la revue The Ecologist fondée par feu Teddy Goldsmith, L'Ecologiste (http://www.ecologiste.org) est une revue de référence, connue des catholiques depuis son dialogue avec Joseph Ratzinger en 2004-2005. Son numéro de mars 2013 contient notamment un dossier sur la loi Taubira et un éditorial de son rédacteur en chef, Thierry Jaccaud. Extraits de cet éditorial, intitulé 'Que nous dit la nature ?' (les passages mis en gras le sont par nous) :


<< Il n'y a pas de petit catéchisme vert, et c'est heureux, et il y a peut-être autant d'écologies que d'écologistes. Pour autant il y a tout de même quelques références communes et la nature en est une. Les adversaires de l'écologie ne s'y trompent pas. Ainsi du plus célèbre d'entre eux, Luc Ferry, [...] dans son pamphlet Le nouvel ordre écologique paru en 1992 et constamment réédité depuis. Luc Ferry affirme de façon lancinante […] que ce qui définit l'homme, c'est l'arrachement à la nature. […] Vincent Peillon, ministre de l'Education, a affiché en septembre 2012 sa volonté d'introduire des cours de morale à l'école afin de permettre à chaque élève de s'émanciper […] Le ministre ajoute : pour cela, "il faut arracher l'élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel" […] Le 3 février 2013, dans l'hémicycle, au moment du débat parlementaire sur le "mariage pour tous", la Garde des Sceaux Christiane Taubira précisait : "cette éducation fabrique des citoyens, elle les arrache par le savoir, par la connaissance et par l'esprit critique aux déterminismes des origines, au déterminisme de la religion, au déterminisme de la condition sociale et économique."

Les mots ont un sens. On arrache, nous dit Littré, une dent, les yeux ou les oreilles. […]   Et les trois colonnes d'exemples de Littré montrent à l'envi la violence du terme.

A l'évidence, il y a des déterminismes qui enferment. A l'évidence, l'attachement à la nature ne peut être une copie servile : nul ne laisse "faire la nature" face à la maladie. Mais à prendre la position exactement opposée, n'est-ce pas non une vérité mais simplement l'erreur contraire ?

Alors, de quoi cet arrachement est-il le nom ? Certainement pas du socialisme originel qui, comme le rappelle avec force Jean-Claude Michéa dans son dernier ouvrage Le Complexe d'Orphée (éditions Climats, 2012), est justement né au début du XIXe siècle contre l'individualisme forcené des philosophes des Lumières, et contre la volonté de faire de tous les attachements "table rase" […] Quelle est donc, poursuit Michéa, la pierre angulaire, la vertu humaine par excellence ? C'est la capacité psychologique et morale de se fixer des limites, et donc de tenir à distance ce que Marx appelait "les furies de l'intérêt privé". Ces mêmes furies qui sont devenues le moteur du développement du capitalisme, lequel ne peut prospérer qu'en supprimant tous les liens qui attachent les individus entre eux, à un lieu, à la nature ou à une histoire. L'arrachement n'est que l'autre nom de l'anthropologie libérale.

Que nous dit la nature ? En elle-même, rien […] C'est notre culture, selon la place qu'elle réserve ou non à la nature, qui nous permet de répondre à des questions simples. Faut-il nourrir des herbivores avec des farines animales ? Peut-on transférer un gène de poisson dans une fraise ? Peut-on fabriquer un enfant sans père ? Peut-on fabriquer un enfant dans un utérus artificiel comme le propose le professeur Atlan ? Peut-on fabriquer un enfant à partir de gamètes issus de deux parents du même sexe, de façon à ce qu'il soit […] biologiquement issu de chacun de ses deux parents du même sexe, comme cela est déjà possible avec des souris ? Une fois rompu le lien avec la nature et l'histoire, la réponse ne peut être que positive. Si au contraire on estime que la nature est organisée et que nous nous inscrivons dans une histoire, alors ce sont là des transgressions que l'on s'interdira au nom d'une morale commune qu'Orwell appelait la common decency.>>


Dans ce numéro de L'Ecologiste, Thierry Jaccaud fait une critique méthodique de la loi Taubira : les Français "non consultés", les instances de concertation "oubliées", le très petit nombre de couples homosexuels vivant avec des enfants [1], et le "bouleversement majeur du droit de la filiation" [2] aboutissant à ce qu'un enfant puisse avoir officiellement deux mères, absurdité dotée de conséquences psychologiques redoutables. "Claude Lévi-Strauss résume magnifiquement les liens qui existent entre nature et culture lorsqu'il écrit que 'les liens biologiques sont le modèle sur lequel sont conçues les relations de parenté'. Au grand désappointement des partisans du mariage homosexuel, il avait même confirmé sa position au soir de sa vie", souligne le rédacteur en chef de L'Ecologiste.

 

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[1] Insee, rapport du 14/02/2013 : seulement dix mille couples d'homosexuels « vivent avec des enfants au moins une partie de l'année ». (Un chiffre « très inférieur à toutes les estimations des associations LGBT qui circulaient jusque là », constate L'Ecologiste). Mais peu importe au gouvernement.

[2] selon le Conseil supérieur de l'adoption.

   

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Gilles Hériard-Dubreuil, ”l'écologie profonde”, l'anthropologie et la loi Taubira

Une information à verser à son dossier :

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Sur le site des Assises de l'écologie humaine, une tribune de Gilles Hériard-Dubreuil explique nombre de choses vraies mais sacrifie au rite : feindre de croire à un danger redoutable, celui de "l'écologie profonde" entité aussi célèbre (à droite) qu'absente du paysage. Je me permets donc de verser une information à son dossier. Elle concerne L'Ecologiste, revue de référence, radicale au point d'avoir été taxée naguère de sympathies envers l'écologie profonde (ou deep ecology). L'écologie profonde est une tarasque, invisible, mais dont la bourgeoisie post-industrielle parle avec des frissons et qu'elle évoque sans cesse pour mettre les enfants en garde contre la tentation contestataire. Il faut en effet que la deep existe, pour que l'on puisse dire que toute écologie cohérente pense "au détriment de l'homme"... Les catholiques de droite se transmettent donc depuis trente ans ce mythe à ranger aux côtés du Grand Albert, du Dragon rouge et du Necronomicon : la deep ecology, comme le grand Cthulhu, est censée veiller dans l'ombre quelque part sous les glaces polaires, immuable et imputrescible en son anthropophobie.

Mais voilà : les gens changent, les idées bougent, 2013 n'a rien à voir avec ce que les livres des démonologues (base de l'information de la droite catho en matière écologique) racontaient en 1993 !

Si L'Ecologiste a été deep autrefois – ce qui reste à démontrer – et si la deep se caractérise par l'anthropophobie, alors comment expliquer l'événement dont notre blog se faisait l'écho dans une note du 2 mars :

 

reproduction de notre note du 2 mars :

Version française de la revue The Ecologist fondée par feu Teddy Goldsmith, L'Ecologiste (http://www.ecologiste.org) est une revue de référence, connue des catholiques depuis son dialogue avec Joseph Ratzinger en 2004-2005. Son numéro de mars 2013 contient notamment un dossier sur la loi Taubira et un éditorial de son rédacteur en chef, Thierry Jaccaud. Extraits de cet éditorial, intitulé 'Que nous dit la nature ?' (les passages mis en gras le sont par nous) :

<< Il n'y a pas de petit catéchisme vert, et c'est heureux, et il y a peut-être autant d'écologies que d'écologistes. Pour autant il y a tout de même quelques références communes et la nature en est une. Les adversaires de l'écologie ne s'y trompent pas. Ainsi du plus célèbre d'entre eux, Luc Ferry,[...] dans son pamphlet Le nouvel ordre écologique paru en 1992 et constamment réédité depuis. Luc Ferry affirme de façon lancinante […] que ce qui définit l'homme, c'est l'arrachement à la nature.[…] Vincent Peillon, ministre de l'Education, a affiché en septembre 2012 sa volonté d'introduire des cours de morale à l'école afin de permettre à chaque élève de s'émanciper […] Le ministre ajoute : pour cela, "il faut arracher l'élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel" […] Le 3 février 2013, dans l'hémicycle, au moment du débat parlementaire sur le "mariage pour tous", la Garde des Sceaux Christiane Taubira précisait : "cette éducation fabrique des citoyens, elle les arrache par le savoir, par la connaissance et par l'esprit critique aux déterminismes des origines, au déterminisme de la religion, au déterminisme de la condition sociale et économique."

Les mots ont un sens. On arrache, nous dit Littré, une dent, les yeux ou les oreilles. […]   Et les trois colonnes d'exemples de Littré montrent à l'envi la violence du terme.

A l'évidence, il y a des déterminismes qui enferment. A l'évidence, l'attachement à la nature ne peut être une copie servile : nul ne laisse "faire la nature" face à la maladie. Mais à prendre la position exactement opposée, n'est-ce pas non une vérité mais simplement l'erreur contraire ?

Alors, de quoi cet arrachement est-il le nom ? Certainement pas du socialisme originel qui, comme le rappelle avec force Jean-Claude Michéa dans son dernier ouvrage Le Complexe d'Orphée (éditions Climats, 2012), est justement né au début du XIXe siècle contre l'individualisme forcené des philosophes des Lumières, et contre la volonté de faire de tous les attachements "table rase" […] Quelle est donc, poursuit Michéa, la pierre angulaire, la vertu humaine par excellence? C'est la capacité psychologique et morale de se fixer des limites, et donc de tenir à distance ce que Marx appelait "les furies de l'intérêt privé".Ces mêmes furies qui sont devenues le moteur du développement du capitalisme, lequel ne peut prospérer qu'en supprimant tous les liens qui attachent les individus entre eux, à un lieu, à la nature ou à une histoire. L'arrachement n'est que l'autre nom de l'anthropologie libérale.

Que nous dit la nature ? En elle-même, rien […] C'est notre culture, selon la place qu'elle réserve ou non à la nature, qui nous permet de répondre à des questions simples. Faut-il nourrir des herbivores avec des farines animales ? Peut-on transférer un gène de poisson dans une fraise ? Peut-on fabriquer un enfant sans père ? Peut-on fabriquer un enfant dans un utérus artificiel comme le propose le professeur Atlan ? Peut-on fabriquer un enfant à partir de gamètes issus de deux parents du même sexe, de façon à ce qu'il soit […] biologiquement issu de chacun de ses deux parents du même sexe, comme cela est déjà possible avec des souris ? Une fois rompu le lien avec la nature et l'histoire, la réponse ne peut être que positive. Si au contraire on estime que la nature est organisée et que nous nous inscrivons dans une histoire, alors ce sont là des transgressions que l'on s'interdira au nom d'une morale commune qu'Orwell appelait la common decency.>>

Dans ce numéro de L'Ecologiste, Thierry Jaccaud fait une critique méthodique de la loi Taubira : les Français "non consultés", les instances de concertation "oubliées", le très petit nombre de couples homosexuels vivant avec des enfants [1], et le "bouleversement majeur du droit de la filiation" [2] aboutissant à ce qu'un enfant puisse avoir officiellement deux mères, absurdité dotée de conséquences psychologiques redoutables. "Claude Lévi-Strauss résume magnifiquement les liens qui existent entre nature et culture lorsqu'il écrit que 'les liens biologiques sont le modèle sur lequel sont conçues les relations de parenté'. Au grand désappointement des partisans du mariage homosexuel, il avait même confirmé sa position au soir de sa vie", souligne le rédacteur en chef

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Tarnac : rideau sur un guignol politico-judiciaire

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Aucun des huit prévenus de l'affaire Tarnac ne sera jugé pour "terrorisme". Cette décision de la Cour de cassation  (10/01) met fin à un guignol acharné qui aura duré... sept ans :

 

 

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Le 15 novembre 2008, le procureur Jean-Claude Marin accuse l'intellectuel libertaire néo-rural Julien Coupat, 42 ans, d'être le chef d'une "cellule invisible" qui aurait posé un fer à béton sur une caténaire de ligne TGV en Seine-et-Marne. Acte qui n'eut guère d'effets, mais que le parquet assimile à du "terrorisme"... Coupat fait six mois de détention provisoire. Le dossier de l'enquête reste vide. Bientôt la presse y voit une bouffonnerie d'Etat : "affaire artificielle" (selon Le Monde), "fiasco judiciaire" (selon Libération [1]), "enquête au point mort" (selon Le Figaro)...  En avril 2010 les avocats demandent l'annulation de la procédure. La cour d'appel de Paris rejette cette demande. Et les enquêteurs s'acharnent. En vain. Ils ne trouvent rien, sans doute parce qu'il n'y avait rien à trouver... Contrairement à ce qu'affirme l'instruction, la présence de Coupat et sa compagne sur les lieux du pseudo-attentat n'est pas établie, et les traces de pneus ne sont pas celles de leur voiture.

En août 2015, le juge d'instruction renvoie simplement les accusés en correctionnelle pour divers griefs : la charge de "terrorisme" est abandonnée. Le parquet fait appel ! En juin 2016, la cour d'appel de Paris confirme la décision de 2015. Le parquet va en cassation ! Et c'est l'arrêt rendu hier, qui écarte définitivement la qualification de terrorisme.

Comment cette absurdité politico-judiciaire a-t-elle pu avoir lieu ? et se prolonger aussi longtemps, hors des réalités et du bon sens ?

Relisons l'affaire du côté de l'Etat. Quand la police antiterroriste - cagoules, gilets pare-balles, armement lourd - envahit la ferme de Corrèze où vivent Coupat et ses amis (qui tiennent l'épicerie du village de Tarnac), Nicolas Sarkozy est au pouvoir. Michèle Alliot-Marie est ministre de l'Intérieur. C'est elle qui installe la fable terroriste. Le "dossier" est confié au juge anti-terroriste Thierry Fragnoli. La cause semble entendue d'avance : Coupat est mis en examen pour "direction de structure à vocation terroriste, association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", etc. Le dossier ne contient rien (sauf un livre de théorie révolutionnaire sans rapport avec le sujet) : mais Coupat et sa compagne seront quatre fois maintenus en détention, au même régime que, plus tard, le coordinateur du massacre djihadiste du 13 novembre 2015 à Paris ! On finit par les libérer, de guerre lasse, en 2009... mais en persistant dans l'idée que Coupat dirige une cellule terroriste : incohérence qui amuse les journaux.

Des policiers et des gendarmes  constataient eux-mêmes le vide du dossier en termes de terrorisme :  à supposer que "cette histoire de caténaire" ait réellement été commise par Coupat, "ce n'était jamais que du vandalisme", déclarait un gendarme au JDD dès novembre 2008. Le 16 mars 2012, les avocats de Coupat déposent une requête en récusation contre le juge Fragnoli, à la suite de la divulgation d'un courriel où celui-ci parle contre Coupat sur un ton étrange [2].

D'où venait la volonté d'ériger en péril le petit groupe de Tarnac ? De Mme Alliot-Marie. Sans doute aussi de M. Sarkozy. Vieux réflexe du Parti de l'Ordre, qui criait au "complot communiste international" en mai 1968... Obsédée du désir de voir un "terrorisme d'extrême gauche", la droite de 2008 s'apprêtait à ne pas voir venir le véritable terrorisme. "La hâte avec laquelle le groupe de Tarnac a été supposé coupable et assimilé à la bande à Baader [autre référence antédiluvienne] témoigne d'une étrange confusion dont ne peuvent se réjouir que les terroristes, les vrais", soulignait le Canard enchaîné du 19/11/2008 (il faisait alors allusion aux Corses). D'où la fabrication d'un épouvantail par le ministère de l'Intérieur...  Drame de la bêtise.

Et persévérance dans la bêtise sous François Hollande. Celui-ci avait traité "d'hystérie sécuritaire" la posture de MAM en janvier 2009. Mais après 2012 ? Sous Mme Taubira, la procédure anti-terroriste continue pendant trois ans contre Coupat et ses amis. Quand la juge Duyé décide enfin de correctionnaliser l'affaire, le parquet fait appel de cette décision : et c'est toujours sous Mme Taubira...  Jusqu'à la dernière limite (la décision de la Cour de cassation), la classe politique de gauche a donc couvert la classe politique de droite - bien que toute cette affaire soit une baudruche : "Il n'y a ni flagrant délit, ni preuves, ni aveux que Julien Cioupat et sa compagne ont participé à ce sabotage. En outre, les experts admettent que cet acte de malveillance ne menaçait en rien des personnes..." Quant à l'enquête, elle a comporté "bien des irrégularités et des incohérences, opportunément couvertes par le secret défense, au point de jeter le doute, voire le discrédit, sur les méthodes de la DCRI." (Le Monde, 10/08/2015).

Sur la connivence de la droite et de la gauche, il y a un livre à lire : le nouvel essai de Jean-Claude Michéa. Il s'intitule Notre ennemi, le capital, et il paraît ces jours-ci chez Climats. Michéa rappelait ce matin à France-Culture que Mme Taubira  - aujourd'hui "icône de la gauche" -  a soutenu naguère Tapie et Balladur.

 

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[1]  Mais Libération avait commencé par emboîter le pas au ministère de l'Intérieur, avec cette une du 12/11/2008 : "L'ultra-gauche déraille".

[2]  Thierry Fragnoli n'avait pourtant pas un tempérament d'acharné. En mai 2015, Coupat signalera au Nouvel Observateur que ce magistrat avait accordé un non-lieu à l'un des frères Kouachi : les futurs assassins du 7 janvier 2015.

 

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Comment se déclarer ”anti-système” aujourd'hui, mais... sans embarquer sur la Nef des fous ?

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Intéressante analyse d'une sociologue :

 

  

http://www.slate.fr/story/83113/anti-systeme-definition : cet article d'analyse publié par Slate intéresse par son réalisme. Il faut en effet désinfecter le concept de "système", devenu "mot-valise" (dit la sociologue) lesté de n'importe quels contenus.

Qui parle de « système » ? Trois sortes de gens, donnant à ce mot trente-six sens différents : 1. des analystes (p. ex. Michéa), lucides mais écoutés seulement  dans des cercles intellectuels, et qui donnent au mot "système" un sens anti-libéral ; 2. des microgroupuscules, starisés par les médias en raison de leur extrémisme somnambulique, et qui disent "à bas le système" en rêvant à 1934 ; 3. des foules, spontanées et considérables, mais dont le ras-le-bol est si général qu'il exprime des réflexes contradictoires... D'où l'ineptie du slogan "coagulons les colères" : des chômeurs "coagulés" avec leurs licencieurs (qui les remplacent par de malheureux sous-payables  importés des Carpathes), ce serait la Nef des fous en bonnets rouges.

La  vogue actuelle du mot "système" n'a donc rien de révolutionnaire. Ni même de politique, au sens fort du terme...

La sociologue y voit plutôt le signe d'une attitude psychologique : celle de citoyens dépressifs qui s'en prennent à un "système" comme ils auraient maudit le Ciel au Moyen Âge. Leur réflexe n'est pas une offensive sociale ; c'est un repli désespéré.

Ces citoyens doutent, non seulement de l'avenir collectif, mais désormais aussi de leur avenir individuel. Ils se replient sur eux-mêmes : 75 % des sondés déclarent aujourd'hui se méfier "des autres", ce qui ne va vraiment pas dans le sens d'une coagulation. "Ce positionnement anti-système peut toucher toutes les catégories sociales  par des biais divers: évasion fiscale, délocalisations d’entreprises, travail au noir, économies marginales, contournement des règles, et notamment celles qui lient à la solidarité nationale. Il signe l’affaiblissement des valeurs civiques dans un contexte où beaucoup de monde se sent floué par le système actuel et où chacun s’accuse mutuellement des maux de la société", observe la sociologue. Aussi colériques soient-ils, ces citoyens restent dans le monde mental hyper-individualiste imposé par vingt ans de néolibéralisme.

Tant qu'ils n'en sortiront pas, tant qu'un nouveau phénomène collectif ne leur offrira pas un désir inédit de solidarité (et une voie concrète de solidarité), les "colères" aveugles s'enliseront dans l'abstentionnisme civique par scepticisme envers tous les partis ; avec des embardées de violences inutiles, au profit de manipulateurs genre FDSEA ou de prédateurs genre Dieudonné. Mais c'est aussi avec "l’auto-organisation, les solidarités de proximité et, ne l’oublions pas, l’autodérision, qu’ils soignent leur âme et surnagent dans ce monde sans pitié", conclut la sociologue. La dérision est un réflexe inquiétant : c'est La Nef des fous, texte du plus noir XVe siècle, quand une société surnageante se dépeint comme allant au naufrage. Mais "l'auto-organisation" et "les solidarités de proximité" sont un signe encourageant. Là est le début de la  voie. Ça suppose de comprendre ce qu'est le seul véritable système oppresseur : l'idole Argent, dénoncée par le pape François. J'en parlerai par exemple mercredi soir, aux AFC de Chalon-sur-Saône, et le 18 mars dans une paroisse parisienne.

 

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Manuel Valls prophétise : ”la gauche peut mourir”

 politique,socialisme

N'est-elle pas déjà morte, enlisée dans le magma néolibéral ? 

 

 

Devant le conseil national du PS, samedi, le Premier ministre – l'oeil plus noir que jamais – s'est écrié : « Nous sentons bien que nous sommes arrivés au bout de quelque chose, au bout peut-être même d'un cycle historique pour notre parti... La gauche qui n'a jamais été aussi faible dans l'histoire de la Ve République peut mourir... Nous pourrions basculer dans une nouvelle ère, dans laquelle un des grands partis républicains, et sans que cela soit une surprise, peut être absent de grand rendez-vous électoral... Nous devons nous réinventer : et nous réinventer dans un contexte particulier: l'exercice du pouvoir, faute de ne l'avoir pas fait dans l'opposition ! »

M. Valls ne semble pas en mesure de « réinventer » le socialisme : on sait qu'il n'aime pas ce mot (il a déjà proposé que le PS change de nom) ; il n'aime pas non plus la chose.

Le socialisme, dans ses racines historiques françaises, consistait à donner à la République – cadre purement procédural – un contenu social : il s'agissait de faire renaître les liens organiques et les responsabilités mutuelles, que l'individualisme libéral dissolvait. Cette urgence était ressentie aussi bien par les anticléricaux (Proudhon) que par le dominicain Lacordaire dans sa 52e conférence de Notre-Dame de Paris en 1848 : « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit » [*].

Introduire dans la société un principe politique régulateur, c'est ce que M. Valls ou M. Juppé ne peuvent pas faire ! Depuis le putsch ultralibéral des années 1990, il est entendu que les majorités et les gouvernements n'ont plus d'autre mission que « d'adapter » la société aux réquisitions des multinationales. M. Valls est donc hors d'état de réinventer son parti, à moins que cette réinvention ne consiste à transformer le PS en conglomérat centriste ; il ne lui resterait plus qu'à fusionner avec l'UMP de M. Juppé, noces du vide avec le néant. C'est l'idée qui nous vient en entendant M. Valls exiger que les députés PS votent le Pacte de responsabilité et de solidarité : « prendre un autre chemin conduirait à l'échec », dit-il. Un échec par rapport à quoi ? C'est le pacte lui-même qui est voué à l'échec, comme en conviennent à la fois le Medef et les syndicats. Mais le succès, pour M. Valls, pourrait ne pas être d'ordre économique : ce qu'il veut, consciemment ou inconsciemment, ou ce qui est voulu à travers lui, c'est ce que Jean-Claude Michéa diagnostique dans Les mystères de la gauche (Climats 2013) : « la modernisation capitaliste qui tend à décomposer toutes les bases matérielles et morales de la vie en commun. » Un socialisme digne de ce nom tendrait au contraire à réinventer ces bases.

 

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[*] Des sophistes tentent d'annuler cette phrase en disant que Lacordaire était un « libéral ». Mais « libéralisme » au sens religieux, dans l'Eglise du XIXe siècle, ne voulait pas dire « libéralisme » au sens d'Adam Smith. Et les idées sociales de Lacordaire révulsaient la bourgeoisie libérale.

 

 

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Le vrai visage du libéralisme [3]

Une lecture de Michéa :

Egoïsme et common decency : La solution libérale au problème de la guerre de tous contre tous implique donc que les valeurs morales soient expulsées hors de l'espace public, et que les « vices privés » soient canalisées au profit de la communauté. De ce point de vue, Ayn Rand est probablement celle qui, au XXème siècle, a assumé avec la plus grande fermeté les implications morales ultimes du paradigme libéral. Une éthique capitaliste cohérente, écrit-elle, «prône et soutient fièrement l'égoïsme rationnel».

On pourra objecter que le souci initial des libéraux consistait en une privatisation des valeurs morales et religieuses et non en leur abolition, et qu'en théorie, chacun demeurait donc libre de préférer à titre personnel un comportement généreux à un comportement égoïste. On objectera alors à l'objection que d'un point de vue libéral, un individu altruiste et soucieux du bien commun représente par définition une exception à la nature humaine, et que si, selon le credo majeur du libéralisme, la poursuite par chacun de son intérêt bien compris constitue la meilleure façon de servir la communauté, les libéraux à visage humain sont donc, de toute manière, condamnés à rentrer dans le rang.

Mais l'idéal de «neutralité axiologique» soulève des problèmes autrement plus fondamentaux encore. «Les mécanismes équilibrants du Marché et du Droit», supposés engendrer par eux-mêmes l'intégration communautaire des individus, ne peuvent fonctionner et se reproduire qu'à partir de conditions anthropologiques déjà données. La simple possibilité pratique d'établir des échanges économiques suppose ainsi un certain degré de confiance préalable, de dispositions psychologiques et culturelles à la loyauté. Or aucun calcul rationnel (ancré dans la seule axiomatique de l'intérêt) ne peut permettre à des individus supposés égoïstes d'entrer dans le cercle de la confiance. Comme le reconnaît l'économiste Ian O. Williamson, «une confiance fondée sur le calcul constitue une contradiction dans les termes».

La confiance, qui joue à l'inverse un rôle central dans la vie des communautés traditionnelles, ne trouve en réalité, ses véritables conditions de possibilité psychologiques et culturelles que dans les jeux infiniment variés et complexes de la socialité pimaire (Alain Caillé) , jeux essentiellement fondés sur la triple «obligation» traditionnelle de donner, recevoir et rendre. Cette logique du don, développée par Marcel Mauss, implique la primauté du cycle ou de la relation sur les individus eux-mêmes, obligeant ainsi à inscrire au cœur du sujet humain lui-même cette dimension d'endettement symbolique qui constitue l'un des fondements essentiels de son incomplétude constituante.

Ce que George Orwell appelle la common decency ne trouve sa cohérence philosophique que replacée sous cet éclairage anthropologique particulier. Son souci permanent est d'enraciner au plus profond de la pratique socialiste les vertus humaines de base. Ces vertus ou dispositions à la générosité et à la loyauté, admettent un nombre illimité de traductions particulières selon les contextes historiques et civilisationnels, et leur caractère est universalisable. En revanche, leur négation ne se manifeste que sous une forme identique : celle de l'égoïsme et de l'esprit de calcul.

Il n'est pas difficile dès lors de prévoir l'impasse civilisationnelle du paradigme libéral. En généralisant à la totalité des conduites humaines la logique donnant-donnant, ce programme ne peut qu'inviter au démontage méthodique de toutes les conditions anthropologiques qui, dans certaines limites très précises, auraient pu permettre aux mécanismes du Marché et du Droit moderne de fonctionner (partiellement) selon les attentes de la théorie libérale. Nous assistons à la destruction des types anthropologiques sans lesquels le système, qui dans sa logique même les pousse à leur ruine, n'aurait pu s'édifier.

La logique libérale finit non seulement par détruire graduellement les conditions de toute civilité et de toute décence commune, mais conduit paradoxalement à mettre en péril le fonctionnement de ses propres montages fondateurs, au risque de réintroduire à tous les niveaux de l'existence sociale cette guerre de tous contre tous, dont le dépassement définitif était théoriquement sa raison d'être initiale.

C'est sans doute ici qu'il convient de rappeler la leçon socialiste de George Sand : il n'y a pas de vrai bonheur dans l'égoïsme.

 

(à suivre)

 

 

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07/08/2013 | Lien permanent

Le cardinal Vingt-Trois contre la dérive du politique

Décadence ? "On s'en approche si on laisse filer les choses en disant que, finalement, l'égalité c'est que tous les particularismes puissent s'exprimer, qu'ils sont tous aussi légitimes, qu'il n'y a plus de règle commune pour faire le tri..."

 

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Marketing, par Hyeronimus Bosch.

 

 

 

 


 

Ce passage de l'entretien du cardinal dans Le Parisien n'est pas commenté par nos homologues sur le web. C'est dommage, parce que c'est le passage le plus important ! Il donne la clé de l'ensemble de l'entretien, au coeur de la compétence traditionnelle de l'évêque : celui-ci n'est ni économiste ni agronome, mais il est defensor civitatis.

Exerçant cette compétence, le cardinal Vingt-Trois rejoint dans son entretien la grande critique antilibérale d'aujourd'hui (Michéa etc).

Le cardinal emploie en effet le mot de « décadence ». Mais d'où vient ce naufrage du politique, devenu depuis vingt ans un marketing de « tous les particularismes » traités comme des segments de marché... et comme si le politique n'était plus qu'un gérant de grande surface ?

On le disait ici le 15/07 à propos du timbre Femen : ce naufrage vient de la dérive du politique vers les moeurs commerciales, dérive née de l'abdication du politique au profit du business (1980-1990). Le politique renonce ainsi à sa raison d'être : la mission de « dégager une règle commune pour faire le tri », selon l'expression du cardinal.

La notion de « règle commune » politique est rejetée par l'ultralibéralisme : il n'admet que la libre concurrence économique (le renard libre dans le poulailler libre). Le politique est donc rendu impossible. Et cela avec le consentement et le soulagement d'une caste politique devenue « post-politique », en ce sens qu'elle se dégage de la charge de « faire le tri ». Elle se voue au contraire au « marketing de tous les comportements ». Ce marketing, contraire d'une « règle commune », prétend néanmoins être cette « règle commune » pour aujourd'hui, voire la nouvelle forme de « la République » ! (D'où la Marianne-Femen de François Hollande)... C'est une subversion radicale du politique. Elle est pilotée par des spin doctors délégués par le privé auprès des partis, ministres, chefs d'Etat ou de gouvernement ; ces derniers ne se sentent plus d'autre responsabilité que de suivre les « tendances » qu'on leur indique. Le combat politique n'est plus qu'une concurrence sur le thème des nouvelles moeurs, à la façon dont Leclerc, Auchan ou Carrefour ne se font concurrence que sur le thème des « prix bas ».

Entrer en politique partisane aujourd'hui signifie entrer dans ce jeu-là, et le jouer selon ces règles-là : c'est-à-dire s'agréger inexorablement à l'une des grandes enseignes concurrentes... [*]

En revanche, dire la vérité – comme le fait le cardinal dans cet entretien – condamne à exister hors du gros jeu des enseignes. C'est-à-dire être « révolutionnaires », comme dit le pape. Et d'abord éveiller les consciences ! C'est le travail de « conscientisation », comme on disait à l'époque des théologies de la libération (belle idée qui avorta par pollution guévariste). Ce travail est la seule façon de dégager la source, bouchée par la caillasse matérialiste mercantile, et de faire germer une véritable alternative. En France et ailleurs.

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[*] ou faire semblant « d'exister politiquement » à quelques-uns, mais pour finir toujours en succursale  d'une grande enseigne... Ce processus néfaste fonctionne depuis vingt-cinq ans. Il se reproduit aujourd'hui avec des groupes en gestation, programmés par une partie de l'UMP pour servir de pion envers le FN. Tout ça est stérile. Les petits joueurs finissent inexorablement en annexes du gros jeu, alors qu'il s'agirait plutôt de renverser la table. Entreprise qui réclame, pour le moins, une certaine évolution  de l'opinion publique !

 

 

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Gauche disloquée : un des signes de la décomposition de la Cinquième République

gauche

Points de vue intéressants du sociologue Jean-Pierre Le Goff et du politologue Zaki Laïdi :

 

...dans Le Monde daté d'aujourd'hui.

Sous le titre Guerre des gauches dans la majorité, ces deux pages témoignent de la dislocation du PS en trois courants :

1. une gauche paléo-soixantehuitarde « qui a troqué le social contre le sociétal, le combat ouvrier contre le soutien aux sans-papiers, et la défense de la retraite à 60 ans contre celle du ''mariage pour tous'' » ;

2. une gauche post-rocardienne, sécuritaire et libérale, incarnée par Manuel Valls ;

3. une gauche irrésolue, dont l'archétype est François Hollande qui flotte entre les courants 1 et 2.

Hors du PS, un autre courant (inédit celui-là) est apparu autour des analyses de Jean-Claude Michéa. Pour ressourcer le socialisme,  il allie anti-libéralisme et anti-libertarisme : approche réaliste et complète qui fait converger objectivement ce courant – sans qu'il en ait déjà conscience – avec la critique catholique de la société contemporaine. [*]

Selon Le Goff : << Des représentants du gauchisme sociétal appellent les lycéens à reprendre la lutte, multiplient les leçons de morale envers le gouvernement et un peuple considéré comme des "beaufs" fascisants. Par un paradoxe historique et la grâce électorale du PS, certains, toujours prompts à jouer la société contre l'Etat, à considérer l'idée de nation comme xénophobe et ringarde, se retrouvent ministres et représentants de la nation. De nouveaux moralistes au pouvoir entendent éradiquer les mauvaises pensées et comportements en changeant les mentalités par la loi. Ils sont relayés par des militants et des associations qui pratiquent la délation, le lynchage médiatique et multiplient les plaintes en justice. La France vit dans un climat délétère où l'on n'en finit pas de remettre en scène les schémas du passé. [...] La confiance dans les rapports sociaux, la liberté d'opinion et le débat intellectuel s'en trouvent profondément altérés. Le chômage de masse, l'érosion des anciennes solidarités collectives et les déstructurations identitaires qui touchent particulièrement les couches populaires paraissent hors champ de ce combat idéologique entre le camp du progrès revisité et l'éternelle réaction. Des pans entiers d'adhérents, de sympathisants ou d'ex-militants ne se reconnaissent pas dans les camps ainsi tracés, tandis que le désespoir social gagne chaque jour du terrain. Ils désertent et s'abstiennent, quand ils ne sont pas tentés par les extrêmes pour exprimer leur protestation. >>

Selon Laïdi, plume de Manuel Valls : << c'est dans ce contexte qu'il faut analyser l'affaire Leonarda. [La gauche] a révélé de manière terrible son impréparation politique à s'emparer de la question migratoire. Dans cette affaire, deux erreurs ont été commises. La première a été d'avoir entrouvert la porte à un possible retour de la famille en cas de découverte d'une faute administrative. Cela révulsa l'opinion publique car elle voyait déjà l'Etat abdiquer. [...] S'il avait été simplement dit que "la famille ne reviendra pas sauf si une erreur a été commise", le propos aurait pris une tonalité radicalement différente. [...] Cette erreur fut doublée d'une faute politique gravissime. Celle qui consista à rechercher un imaginaire point d'équilibre entre les principes de la République et les valeurs de la gauche. Si l'objectif était de délégitimer la gauche au sein de l'opinion, en opposant la gauche à la République, le résultat a été atteint au-delà de toute espérance... >>

Laïdi a raison de souligner que l'opinion française refuse l'abdication de l'Etat. (C'est ce que les libéraux ne veulent pas voir : cécité qui les rend étrangers à la réalité française et les enferme dans les beaux quartiers). Mais le fait d'être lucide ne l'empêche pas d'être l'homme de Valls, qui est un héritier de Delors sous ses mines de Bonaparte...

Le Goff, pour sa part, a raison de mettre lui aussi le doigt sur le problème de l'Etat. (« La question n'est pas de maintenir à tous prix une majorité divisée sur des questions essentielles, mais de la crédibilité de la puissance publique et de l'unité du pays »). Reste à savoir sous l'emprise de quelles forces la Cinquième est entrée en décomposition. Ne s'en prendre qu'à la gauche (ou qu'à la droite) indiquerait un état d'esprit dépassé ; ce dont il s'agit est une crise de système, dont il faut comprendre qu'elle met en cause l'économique et le financier plus que les débris du politique.

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[*] alors que les « libéraux conservateurs » (conservateurs du libéralisme qui interdit de conserver) refusent de voir une moitié décisive de la réalité.

 

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